Je conçois le tableau comme un dispositif, permettant l’expérience esthétique à travers l’ouverture d’un espace-temps particulier. Le thème du sol, que j’explore depuis plusieurs années dans mon travail, me permet d’aborder les problématiques de la biodiversité et de la relation de l’homme à la nature.
Mes derniers tableaux représentent des tapis végétaux à l’échelle 1. Je travaille d’après des photographies, prises lors de marches, qui me servent à relever la composition et la diversité végétale du lieu. J’apporte le même niveau de détails sur l’ensemble du tableau, pour solliciter l’attention du regardeur sur toute sa surface. Il s’agit d’effectuer là un travail minutieux et chronophage qui tisse des liens entre ma pratique de la peinture et celle de la tapisserie.
Cette dernière fait partie de mes principales sources d’inspiration : les millefleurs, les verdures, la répétition des motifs, et même tout simplement le mouvement des fils libres qui s’emmêlent à son envers, comme dans mon dernier tableau qui représente des algues à marée basse.
Le rapport au temps est un thème majeur de mon travail, qui s’inscrit dans la tradition des vanités, tant par le sujet du végétal, de son éphémérité, du cycle des saisons et de la vie, que dans l’expérience du tableau comme temps partagé, qui offre dans l’instantanéité de la vision, la somme des heures dévolues à sa réalisation.