… à propos du dessin.

Dessiner, faire trace, prendre empreinte. J’exploite le fusain à travers ces différents processus dans des projets en lien avec des territoires. 

Pour “Lé de sol”, j’ai ramené à l’atelier un tapis de feuilles de chêne de la forêt carrossoise. Les feuilles dessinées sur un long rouleau de papier grimpent au mur, en même temps que leurs détails s’estompent. L’œuvre crée un chemin, entre sol et mur, entre tapis et papier peint.

Une résidence à Saint-Jeannet durant l’été 2021, dans le cadre du dispositif “Rouvrir le monde” de la DRAC PACA, a donné lieu à un ensemble de dessins. L’œuvre principale est “La révolte de Flore”, un grand dessin inspiré du papier peint en arabesques du 18e siècle. Il représente les espèces floristiques et faunistiques locales, notamment celles qui sont menacées par l’impact de l’homme sur leur environnement, et il revisite la figure de Flore, dans une version contemporaine.

Le dessin “Papier peint aux Nivéoles” prend pour motif la Nivéole de Nice, une petite fleur très rare endémique à la région niçoise et menacée par le réchauffement climatique. 

Dans ces dessins, la référence au papier peint me permet de questionner notre rapport à l’environnement naturel. Vivons-nous dans ce monde comme dans un décor voué à disparaître et dont il ne restera que des images? 

… à propos de l’installation.

L’installation est une forme nouvelle dans ma pratique, qui répond à un besoin d’utiliser un langage différent, portant avec un autre timbre, des sujets qui s’entendaient comme un murmure dans mes œuvres précédentes.

Dans mes peintures et dessins, j’aborde le sujet de la biodiversité sous la forme d’une célébration, parfois teintée de nostalgie, de ce qui existe encore. Ces installations englobent la dimension émotionnelle de mes questionnements de mère face aux changements à venir.

Pour l’instant ce sont des réalisations éphémères dont je garde une trace par la photographie. J’utilise principalement des matériaux naturels trouvés dans la forêt environnant l’atelier.

… à propos de la peinture.

Je conçois le tableau comme un dispositif, permettant l’expérience esthétique à travers l’ouverture d’un espace-temps particulier. Le thème du sol, que j’explore depuis plusieurs années dans mon travail, me permet d’aborder les problématiques de la biodiversité et de la relation de l’homme à la nature. 

Mes derniers tableaux représentent des tapis végétaux à l’échelle 1. Je travaille d’après des photographies, prises lors de marches, qui me servent à relever la composition et la diversité végétale du lieu. J’apporte le même niveau de détails sur l’ensemble du tableau, pour solliciter l’attention du regardeur sur toute sa surface. Il s’agit d’effectuer là un travail minutieux et chronophage qui tisse des liens entre ma pratique de la peinture et celle de la tapisserie. 

Cette dernière fait partie de mes principales sources d’inspiration : les millefleurs, les verdures, la répétition des motifs, et même tout simplement le mouvement des fils libres qui s’emmêlent à son envers, comme dans mon dernier tableau qui représente des algues à marée basse. 

Le rapport au temps est un thème majeur de mon travail, qui s’inscrit dans la tradition des vanités, tant par le sujet du végétal, de son éphémérité, du cycle des saisons et de la vie, que dans l’expérience du tableau comme temps partagé, qui offre dans l’instantanéité de la vision, la somme des heures dévolues à sa réalisation.